News
CONFERENCE DU PROFESSEUR GUILLAUME BRONSARD : L'ADOLESCENCE AUJOURD'HUI

Le Pr Guillaume Bronsard est psychiatre pour enfant et adolescent, chef du service universitaire de psychiatrie de l’enfant à Brest. Il est aussi président de l’école des parents et des éducateurs d’IDF qui porte le numéro national d’écoute et d’aide aux jeunes en difficultés le Fil Santé Jeune. Il a créé il y a une vingtaine d’année une des premières Maison des Adolescents (MDA) à Marseille et a présidé l’association nationale des MDA pendant de nombreuses années.
C’est un spécialiste des effets psychologiques de la maltraitance infantile, notamment à l’adolescence et en particulier des liens qui existent entre les violences subies pendant l’enfance et celles agies pendant l’adolescence. Il travaille auprès des enfants et des adolescents de l’Aide Sociale à l’Enfance et ceux de la Protection Judiciaire de la Jeunesse qui accompagne de jeunes délinquants depuis 25 ans, pour analyser et comprendre leur comportement et les aider et parfois les traiter médicalement.
Il est chevalier de la Légion d’honneur (2024)
Points forts de la conférence
L’évolution de la naissance à l’adolescence est une succession de ruptures :
L’accouchement est la première séparation, brutale.
A 2 ou 3 ans, on m’empêche d’être toujours avec ma mère et je m’oppose.
A 6 ou 7 ans, je prends conscience que je n’aurais pas tout ce que je veux et que même mes parents ne pourront pas me le donner
A la puberté la jeune fille a une arme « je peux avoir un enfant », le jeune garçon lui a la force physique contre les adultes.
Mais à ce même moment avec l’acquisition des capacités d’abstraction, se réactivent les angoisses d’abandon et les angoisses de mort qui sont permanentes chez les humains quelles que soient leur situation.
Le contexte a changé et les grands repères sont bouleversés :
L’institution scolaire a subi de grands chocs :
L’obligation scolaire à 16 ans dans les années 60 a déstabilisé l’institution en obligeant des jeunes adolescents possiblement peu intéressés et peu préparés, à y rester.
Le collège unique depuis 1977 qui visait à élever tous les jeunes à un bon niveau minimal a engendré des difficultés dues à l’hétérogénéité des élèves et des établissements.
L’intégration des élèves handicapés (fin des années 90) ayant des troubles de l’apprentissage mais aussi des troubles du comportement a également fragilisé l’école mal préparée à les accueillir.
Aujourd’hui l’école peine à rester un havre de sécurité pour les enfants. Mais la situation de l’intégration est améliorée.
La famille a radicalement changé :
Le divorce augmente depuis les années 60-70 et en France près d’un mariage sur deux se termine par un divorce. Ce chiffre est plus élevé dans les zones très urbanisées.
La question de l’autorité est bousculée dans les familles recomposées : le père et la mère malgré leur fréquente discordance après le divorce ? la place d’un nouveau conjoint ?
A ceci peut s’adjoindre la tendance des adultes narcissiques à vouloir être toujours jeunes, voire des parents copains. La communication intrafamiliale est également mise à mal par l’intrusion du dehors connu ou inconnu, venue des messageries et des réseaux sociaux qui envahissent le quotidien des jeunes et des parents.
Les acteurs de la prise en charge médicale et psychiatrique sont débordés :
Les consultations et les prises en charge en psychiatrie ont été multipliées par 4 depuis 30 ans. Jusqu’aux années 1960, la pédopsychiatrie soignait principalement les grands délinquants et les grands malades mentaux. Aujourd’hui le plus grand nombre des consultants viennent pour des difficultés scolaires ou des conduites d’oppositions. Parfois des troubles du genre. A ceci s’ajoutent les révélations plus fréquentes d’agressions sexuelles, les agressions physiques à l’école. Ces situations aboutissent à une implication beaucoup plus fréquente de la justice en plus de la médecine. La question de la consommation de drogues est un sujet qui inquiète beaucoup les parents. Bien sûr l’entrée dans une consommation régulière est un réel problème amenant souvent à la délinquance. Cependant le plus fréquemment les jeunes expérimentent sans lendemain, c’est un geste transgressif qui apporte du plaisir.
Aujourd’hui la plupart des jeunes trouvent leur équilibre dans un monde en changement et une minorité a vraiment besoin d’aide et de soins.
Pour aider les jeunes à trouver cet équilibre, les adultes qu’ils soient parents, éducateurs ou parrains et marraines dans notre cas, doivent se comporter en adultes :
- Afficher sa stabilité et sa force : « je suis là que tu aies besoin de moi ou non »
- Rendre évidente l’asymétrie : « tu es le jeune, je suis l’adulte et j’agis en conséquence »
- Etre bienveillant : « En toute circonstance je te regarderai de manière positive et je tenterai de te comprendre »
- Donner de l’espoir : « je sais que tu es capable de belles choses, j’ai confiance en toi, et dans la vie».
Cette conférence donnée le 14 mai 2025 au cours de la réunion de travail des parrains et marraines des Bourses de la Légion d’honneur de Neuilly qui a réuni 14 d’entre eux.
